Archives historiques de la région de Bienne, du Seeland et du Jura bernois

Les années pionnières de la pharmacie coopérative de Bienne

Ville de Bienne - Mouvement ouvrier - Secteur prestations de services - Santé et maladies




Les débuts de la Pharmacie coopérative de Bienne

 

«Chacun sait que les pharmaciens se font très bien payer pour les services qu’ils rendent à la population. Ce n’est donc pas sans raisons que les prix qu’ils pratiquent sont devenus proverbiaux ! Véritablement pour des raisons tournées vers le mieux-être des habitants, nous espérons avec ceux qui ne ménagent ni leur temps ni leurs peines pouvoir faire naître dans notre cité une ‘Pharmacie coopérative’. Après avoir étudié au mieux tous les aspects de la question (de février 1904 à juillet 1908), et que l’idée ait été approuvée par les délégués des 33 sociétés, syndicats et coopératives, il fut décidé de fonder à Bienne une Pharmacie coopérative»

 

Comme l’illustre le passage ci-dessus, tiré de sa première brochure, la Pharmacie coopérative de Bienne souhaitait être largement ancrée dans la population, dès le début. Pourtant, son soutien majeur, elle le doit au mouvement ouvrier: à côté de plusieurs caisses-maladies et syndicats isolés, ce sont l’Union ouvrière, la Société du Grutli, la section de Madretsch du Parti socialiste et la Société de consommation de Bienne qui soutinrent la nouvelle coopérative. Dès ses débuts apparut combien la stratégie choisie avait d’importance. Elle ne fut pas seulement confrontée au boycott venu des pharmacies privées, mais aussi d’autres entreprises. Orell Füssli, par exemple refusait de faire imprimer ses annonces. Même le Conseil exécutif du canton de Berne rejeta son ouverture pour des raisons formellement juridiques.

 

Après divers pas entrepris pour favoriser son adaptation, la première pharmacie put enfin être ouverte le 11 février 1910, à l’enseigne de «Pharmacie Guillermet» - autrefois, il était interdit dans le canton de Berne d’utiliser le nom  «Pharmacie coopérative». Les premières années de l’officine (atelier comportant aussi un espace pour la vente), au 46 de la rue Centrale, furent difficiles. Durant 1910, les recettes quotidiennes stagnaient à environ 60 francs par jour: seuls alors les crédits de la Société de consommation de Bienne lui permirent de continuer ses affaires.

Puis, durant la 1ère Guerre mondiale et les premières années d’après-guerre, le chiffre d’affaires s’accrut de façon très sensible: entre 1917 et 1921, il doubla même. Malgré tout, la Pharmacie coopérative vivait des années pénibles. Au conflit avec l’Union ouvrière à cause de sa manière de traiter les employés s’ajouta la confrontation avec l’administrateur de la pharmacie qui occasionnait beaucoup trop de frais généraux, et mit la coopérative dans les dettes.

Une mauvaise décision de stratégie – l’ouverture d’une filiale à Nidau où en même temps s’ouvrait une pharmacie privée, conduisit la coopérative au bord de la faillite.

  

Dès 1928, cependant, apparut un changement lorsque des experts de la Pharmacie coopérative de La Chaux-de-Fonds vinrent aider l’officine biennoise. L’analyse de la situation eut pour conséquence un changement dans le personnel; du reste, les Biennois se fixèrent de s’orienter au règlement suisse sur les pharmacies. Après la liquidation de la filiale de Nidau, en 1929, les finances ne firent que progresser. La coopérative de Bienne fut bientôt en état de rembourser ses dettes et manifesta sa solidarité envers d’autres. En 1930, elle versait 100 francs à la caisse de chômage, en 1931 elle accordait aux chômeurs un rabais de 10% sur les produits non-réglementés. Dès 1937, la Coopérative versa des sommes

toujours croissantes à la prévoyance du personnel, et avant même l’introduction de l’AVS elle créa une assurance-vieillesse.
La Coopérative prit aussi plus souvent d’heureuses décisions en matière de personnel. L’engagement de M. Vuilleumier en 1934, comme administrateur de la pharmacie, conduisit à ce qu’elle connaisse, durant les 24 années suivantes, stabilité et essor économique; de la sorte, il fut possible, en 1950, d’ouvrir à Mâche sa première filiale.

 

Sources: Friedli R., “Les 50 ans de la Pharmacie cooperative de Bienne”, 1958 – Rapport du jubilé (1908-1958)

 



Auteur: Christoph Lörtscher / Source: R. Friedli 2012